Le Montespan, Jean Teulé
Julliard, Pocket
La cour de Louis XIV nous est présentée ici dans sa réalité la plus crue. Ni les dents pourries, masquées au beurre rance, ni les besoins naturels qui se font et se répandent à même le sol
dans les salles de bal, ne nous sont épargnés. Ni le sexe, ni les tromperies hypocritement tabous ne nous sont cachés. Alors que la loi est censée réprimer sévèrement l’adultère, surtout pour les
femmes, Louis XIV expose sans complexe ses maitresses fussent-elles mariées ou non. Et c’est bien ce qui dérange le pauvre marquis de Montespan. A son grand désespoir, il se voit privé de celle
qu’il adulait depuis trois ans. Au retour d’une campagne de guerre désastreuse au Gigeri, il retrouve sa femme dans le lit du roi.
Jean Teulé nous relate avec entrain et non sans humour, les tentatives nombreuses mais toujours vaines de ce petit marquis qui contre tous les codes établis de son époque, est amoureux de
sa femme. Il s’obstine ainsi à ne pas comprendre l’honneur d’être fait cocu par son Altesse et s’acharnera toute sa vie durant à tenter de reconquérir le coeur de son épouse. Un récit tout à la
fois touchant et hilarant !
La ballade de Lila K, Blandine Lecallet
Stock
Au nom de la sécurité, la maîtrise complète de notre environnement a été confiée à une instance supérieure, un ministère obscur, qui a le pouvoir d’enfermer tout contrevenant aux règles de
société nouvellement établies. Contrôle de la fécondité, règles d’hygiène intrusives, caméras envahissant les espaces publics comme privés, ne sont que quelques exemples des dérives du monde dans
lequel Lila a été jetée alors qu’elle n’avait pas cinq ans.
Elle a été arrachée à sa mère dont on lui interdit même d’évoquer le souvenir. Son combat physique et psychologique est quotidien et terrible et ne laisse planer aucun doute sur la
maltraitance qu’elle a subie. Pourtant le désir de retrouver sa mère reste profondément ancré en elle et sera son unique motivation pour accepter les règles implacables du Centre où elle est
détenue… pour son bien, comme ils disent.
La Ballade de Lila K est un roman d’anticipation qui nous fait frissonner d’angoisse par sa justesse et son réalisme. Pour Blandine Le Callet, il faudra moins d’une centaine
d’années pour que notre société, poussée par la peur, ne soit prête à tirer un trait sur ses libertés individuelles. Votre sens de l’observation, votre optimisme ou pessimisme naturel vous en
suggéreront peut-être une autre échéance.
Une vie française, Jean-Paul Dubois,
Editions de l’Olivier (2004)
« Fourmis agitées, nous nous démenions pour trouver une place en ce monde. Les arbres ne devaient rien comprendre à notre espèce. Petits mammifères agressifs à la maigre espérance de vie,
nous combattions sans cesse et tombions inexorablement à leurs pieds sans jamais prendre racine nulle part. Nous ne semblions jamais tirer aucun enseignement durable de nos erreurs. Même si nous
étions capables d’inventer des boissons gazeuses et des téléphones portables. »
Plus sensible à la sagesse des arbres qu’à celle de ses contemporains humains, Paul Blick avance dans la vie en marge du monde qui l’entoure depuis qu’il a perdu son grand frère alors que
celui-ci n’avait que dix ans. En marge de ses parents qui ont perdu l’appétit de vivre. En marge de sa famille, oncles et tantes réactionnaires ou militants, de sa femme et de sa belle-famille
trop de droite et de ses enfants dont il s’est pourtant pleinement occupé dans leur plus jeune âge. En marge de son époque, enfin, alors que celle-ci ponctuera le récit de
cette vie française. Jean-Paul Dubois nous replonge subtilement dans l’ambiance de la France des années 1960 aux années 2000. Les événements de ce passé sont disséminés
tout au long du récit et si l’on parcourt ce livre le sourire aux lèvres pour l’humour des situations et les souvenirs qui ressurgissent, le sourire jaunit et la tristesse gagne car le constat de
tout ceci est finalement assez affligeant. Un livre fort !
American Express de James Salter
Points Seuil
Une escapade à la plage à Barcelone, une virée en Italie entre amis, une déambulation nocturne dans un jardin ou la dérive morale d’une jeune fille au pair, chacune des nouvelles de James
Salter est l’occasion pour nous d’entrevoir une tranche de vie au sein de laquelle se joue, entre les personnages, l’équilibre fragile de leurs rapports de force. Parfois bien établis ils
semblent inexorablement destinés à basculer là où on ne les attendait pas, James Salter n’hésitant jamais dans sa lucidité évidente à ne laisser que peu de place à l’espoir.
"Les femmes tombent amoureuses quand elles commencent à vous connaître. Pour les hommes, c'est exactement l'inverse : quand ils finissent par vous connaître, ils sont prêts à vous
quitter."
Pour aborder un sujet aussi complexe que les rapports humains James Salter nous offre une écriture simple et belle, efficace et sans fioritures « _Ne t’inquiète pas. Ce fut un peu
maladroit. Ensuite, ils prirent une douche ensemble. » Mais qui se donne aussi le droit aux détails comme le regard reste parfois accroché, hypnotisé. Il semble trouver ainsi, pour chaque moment,
ce rythme parfait dont il a fait sa marque de fabrique.
Quelqu’un d’autre, Tonino Benacquista,
Gallimard (2002)
Ces deux-là ne s’étaient jamais vus avant d’échanger quelques balles et de s’affronter lors d’un match de tennis. Deux solitudes qui se retrouvent ensuite devant un verre et finalement une
soirée d’ivresse au cours de laquelle ils prennent le pari de devenir quelqu’un d’autre. Alors que Thierry Blin prend à bras le corps et dès le lendemain matin cette nouvelle résolution, celle-ci
s’immisce plus insidieusement mais tout aussi sûrement dans la vie de Nicolas Gredzinski.
Dans ce récit à la fois drôle et dérangeant, Tonino Benacquista s’interroge sur ce qui nous définit et tout à la fois, ce qui nous empêche d’être nous-mêmes. Sommes-nous sur des rails que
nous forcent à suivre notre entourage, famille, collègues et la société en général ? Ou sommes-nous profondément fidèles à notre nature ? Nos deux héros trouveront leur vérité mais au prix de
nombreux sacrifices.
Un souffle venu de loin d'Estelle Beauchamp
Prise de parole
En 1940, alors que la sécurité n’est plus assurée sur le territoire anglais bombardé, des enfants sont envoyés dans les pays du Commonwealth et recueillis par des familles volontaires.
C’est ainsi que Mirka, qui a déjà fui la Belgique, atterrit à Montréal chez les Dumouchel.
La petite Marion, qui a alors huit ans, imagine l’arrivée de Mirka comme une histoire de la Comtesse de Ségur. Elle est enthousiaste à l’idée d’abandonner ses amis imaginaires pour une
vraie petite sœur qu’elle se jure de rendre heureuse. Mais les choses ne se passent pas comme l’a imaginé la famille canadienne. La petite réfugiée reste muette, ne semble pas même reconnaissante
de l’accueil chaleureux qui lui est offert. Elle s’adapte mal, ne s’intègre pas. L’expatriation et la séparation d’avec sa mère et son jeune frère sont une chose, mais Mirka porte en elle de plus
lourds secrets. Elle ne les découvrira elle-même, totalement, que plus ard, au cours de ses quelques retours en Europe après la guerre. Les révélations sur sa mère et ses origines, ceux qu’elle
croyait être sa famille, ceux qu’elle apprend être son peuple ne font que lui rappeler qu’elle a été et est encore une enfant évacuée, « expulsée », « vomie », comme le lui a appris le
dictionnaire des synonymes.
Un souffle venu de loin est un formidable récit fictionnel mais aussi l’occasion de revenir sur l’histoire méconnue et la destinée tragique de tout un peuple dont l’Histoire a
délibérément négligé sinon oublié les actes d’héroïsme et l’extermination dont il a fait l’objet au cours de la Seconde Guerre mondiale, pour ne garder que l’incompréhension et la
méfiance.
Point Omega de Don DeLillo
Actes Sud
Richard Elster a soixante-treize ans. Il se recueille dans une vieille maison de famille « quelque part au sud de nulle part dans le désert de Sonora » la plus grande zone désertique
d’Amérique du Nord. Une nature si aride que chaque être vivant passe onze mois de l’année à attendre le déluge qui lui permettra de survivre jusqu’au suivant, l’année d’après. Richard Elster est
à la recherche d’espace et de temps.
Jim Finley, un jeune homme qui n’a pour expérience cinématographique qu’un documentaire sur la performance de Jerry Lewis en animateur de téléthon, veut filmer Richard Elster dans sa
confession des mois passés en tant qu’ « intellectuel de l’armée » au sein des stratèges qui ont théorisé la guerre en Irak, abstraite, loin de la réalité du terrain et des hommes qui l’ont faite
et y meurent. Mais Richard Lewis ne voit pas l’intérêt de cette confession et repousse le moment de sa décision et de sa réponse à Finley.
Point Omega est le roman de cette attente, un roman fait de silences et de contemplation, un roman qui décrit le temps qui passe et le temps qu’il faut prendre à le regarder passer pour le
ressentir pleinement, quitte à s’y ennuyer et parfois s’y perdre. Un homme, isolé, partage cette attente dans une salle obscure du musée d’Art Moderne de New York passant ses journées devant
l’œuvre vidéo de Douglas Gordon, 24 Hour Psycho, projection en version ralentie à deux images par secondes du film
d’Hitchcock Psychose.
La lecture de ce roman est dérangeante et froide, elle nous pousse à la réflexion sur « le trop tard », la disparition des êtres et ce que le temps gardera. Une expérience contrastée mais
unique.
Le Jour avant le bonheur de Erri de Luca
Gallimard
Le jeune narrateur est orphelin. Il n’est le fils de personne, il est l’enfant de sa ville, Naples. Et cela lui convient. Il joue au ballon dans la rue avec les grands et espère bien
impressionner la petite fille qu’il voit à travers la fenêtre de l’immeuble d’en face.
Une mère adoptive dont on ne sait rien, Don Raimondo le libraire et Don Gaetano le gardien d’immeuble, lui donneront chacun à leur manière les armes pour grandir. L’une en payant pour ses
études, le deuxième en lui prêtant tous les livres qui l’inspirent et le dernier en lui transmettant tout ce qu’il sait de la vie. Les petits boulots d’abord, travaux d’électricien, de mécanicien
n’auront bientôt plus aucun secret pour lui. Quand il aura grandi, il sera envoyé en remplacement chez la veuve du deuxième étage, pour des dépannages plus particuliers et puis il lui sera conté
la guerre, les acteurs anonymes de victoires décisives, les prémices de la libération, le jour avant le bonheur.
Mais la dernière étape, la dernière épreuve pour atteindre l’âge adulte sera l’histoire qu’il doit vivre avec Anna, la petite fille de l’immeuble d’en face devenue jeune femme et qui
appartient à un autre que lui.
L’atmosphère chaude et sensuelle du sud de l’Italie d’après-guerre amplifie le charme du nouveau roman d’initiation, d’apprentissage de la vie d’homme, que nous offre ici Erri de
Luca.
Des éclairs de Jean Echenoz
Les éditions de Minuit
La vie de Gregor pourrait être celle d’un simple génie de la physique, un rat de laboratoire passionné d’électricité à l’heure où tout est à découvrir et à inventer. Et il invente, tout ou
presque ce qui fait notre quotidien du XIXème siècle, mais Gregor est avant tout un artiste, qui aiment présenter ses nouvelles découvertes à l’occasion de shows étincelants au risque de passer
pour un illuminé plus que pour un savant.
Il maîtrise moins bien le monde des affaires et, se protègeant peu, s’expose à bien des déconvenues. Mais les revers et les trahisons subies ne sauront jamais le rendre plus raisonnable. Du
dandisme, il a fait son parti, ne s’habillant qu’à la dernière mode et se logeant dans les suites des hôtels les plus chics. Il finira pourtant dans la misère.
On voudra bien croire que cette biographie a été inspirée de la vie du physicien Nikola Tesla, mais Jean Echenoz nous fait vite oublier cette réalité presque terre à terre tant il nous
gratifie d’interventions personnelles tout au long de son texte. Ces délicieux partis pris font de Gregor un personnage familier et, aussi odieux qu’il ait pu être pour ses contemporains, très
attachant.
Contes carnivores de Bernard Quiriny
Le Seuil
Contes carnivores est un recueil de nouvelles fantastiques et de chroniques improbables. Son auteur, Bernard Quiriny, nous emmène à la rencontre de personnages réalistes
confrontés à des situations extraordinaires voire surnaturelles qu’ils semblent subir ou apprivoiser avec une toute relative aisance. Un homme croisé au restaurant, nous raconte une nuit des plus
sensuelles passée en compagnie d’une femme couverte d’écorce d’orange. Un autre se verra pour un temps confier le don d’entendre ce que les gens disent de lui. Un tueur à gage partagera avec nous
ses contrats les plus insolites : une grand-mère voulant éliminer son petit-fils, persuadée qu’il incarne le diable ou ce peintre voulant donner sa vie pour sa dernière œuvre.
On ne s’étonnera plus de faire la connaissance de Pierre Gould, membre actif d’un groupe d’esthètes fascinés par les marées noires, ni de le retrouver grand amateur d’écrivains oubliés ou
inconnus, tous morts.
Une des clés de toutes ces bizarreries nous est peut-être dévoilée dans une nouvelle, au milieu du recueil, dans laquelle un jeune universitaire tente de comprendre le langage des Papous.
Et si le secret d’une vie « riche et colorée » se trouvait dans l’apologie du quiproquo et de l’absurde ?
Fuck America d'Edgar Hilsenrath
Attila
Edgar Hilsenrath a partagé, avec son double Jacob Bronsky, la fuite à travers l’Europe pour échapper aux nazis, la déportation dans les camps et, à la libération, l’exil vers les
Etats-Unis.
L’intégration du jeune immigré en Amérique n’a rien de trivial. Car pour qui ne partage pas les standards, les codes, les valeurs, notamment celle du travail, de l’américain de souche, il
ne sera pas donné de partager les rêves et les espoirs de réussite.
Pour les femmes, il lui faudra surtout compter sur les prostituées et pour l’argent quelques petits boulots mais jamais avant que ce ne soit totalement nécessaire. Car Jacob Bronsky est
destiné à une voie plus noble, l’écriture de son roman : LE BRANLEUR !
Plus de 40 ans avant lui, John Fante faisait naître son déjanté personnage de Bandini et témoignait déjà de cette distance à son peuple d’adoption et cette incompréhension mutuelle dans son
chef d’œuvre Sur la route de Los Angeles. Pourtant point de plagia ! Bien qu’écrit en 1933, la toute première édition n’en sera publiée qu’en 1986, soit 6 ans après celle
de Fuck America, en Allemagne.
Chacun des deux romans, au politiquement incorrect percutant, se savourent sans modération.
Le Cœur cousu de Carole Martinez
Gallimard - Folio
Le cœur cousu est tout à la fois une saga familiale, une histoire de femmes et de transmission de prières ancestrales, une révolution paysanne… Tout est là pour qui a aimé, et
aime encore, les grands romans de Gabriel García Márquez, Isabel Allende ou Mario Vargas Llosa.
Carole Martinez nous emmène en Espagne dans le petit village de Santavela. Autour d’un énigmatique coffret de bois qui se transmet de mère en filles et de sœur à sœur, des dons, promesses
de fortune mais surtout de malheur, jaillissent et s’imposent à la lignée de Frasquita. Elle sera contrainte de fuir son village et engagera une véritable croisade à travers tout le pays et
au-delà des mers suivie de ses cinq enfants : Anita la muette, Angela au duvet de plume, Pedro le rouge, Martirio celle de l’ombre et Clara la lumineuse.
C’est finalement Soledad, la petite dernière qui prendra la plume pour nous conter cette destinée formidable et maudite, cette histoire qu’elle n’a pas vécue et n’a pu que rêver pour nous
« Ma vie s’est jouée avant que je ne vienne au monde [...] Je n’ai rien vu de ce voyage et pourtant il m’habite. »
Un délice, une merveille !
L’Homme-soeur de Patrick Lapeyre
Gallimard - Folio
Cooper est, au premier abord, un homme un peu décalé et par là même drôle et presque touchant. Son activité principale, déroutante pour tout lecteur, est d’attendre sa soeur, Louise.
Pourquoi est-elle partie si loin en Amérique du Nord, pourquoi donne-t-elle si peu de nouvelles, laissant Cooper errer dans l’incertitude et le désoeuvrement ? Déguisé en employé debanque, on le
voit évoluer aumilieu de collègues dont il se préoccupe peu. Certains ne l’aiment pas, le fuient ou contre toute attente, le convoitent. Aucun ne l’envie. Il nous livre à cette occasion quelques
jugements pointus, justes et jubilatoires sur l’absurdité dumonde du travail.Mais on se rend très vite compte que l’important n’est pas là. L’attente occupe toute la place et les souvenirs des
quelquesmoments de bonheur passés dans sa jeunesse en compagnie de Louise nécrosent son existence à force d’être ressassés. Rien ne semble pouvoir se substituer à cette absence. Pas même Robine,
l’amie envoyée par sa soeur, avec laquelle il s’invente une relation. Celle-ci n’est que l’écho de son amour pour Louise, et son départ pour l’Amérique avec un autre homme, ne sera qu’un
catalyseur d’une descente aux enfers qui semblait inévitable. Déroutant, dérangeant, drôle et finalement tragique, le roman de Patrick Lapeyre est tout simplement hypnotisant.
Origines de Amin Maalouf,
Le livre de poche
Était-il encore utile de présenter Amin Maalouf ? Peut-être pas, mais quelle
passionnante histoire que celle de sa famille. C’est dans un contexte quasi romanesque de lettres retrouvées, et avec la complicité et les souvenirs d’une vieille tante, que l’auteur remonte le
fil de ses Origines. Il nous raconte l’attachement familial quasi viscéral à la création et la survie d’une école, le départ d’un grand-oncle pour l’aventure à
Cuba,mais aussi un village, un pays qui a tant de fois changé de nom et de frontières. Avec ce récit, Amin Maalouf tend une lanterne pour éclairer les temps passés d’un Orient qu’il sauve de
l’oubli... et on l’en remercie.
Disgrâce de J.M. Coetzee,
POINTS
David Lurie, après deux divorces, avait opté pour une gestion hygiénique de sa vie sexuelle. Mais il décide, presque sur un coup de tête, de s’accorder une dernière idylle et cette liaison
qu’il entame avec l’une de ses élèves sera fatale à sa carrière et à sa crédibilité.
Alors qu’il pense pouvoir se mettre au vert et remonter la pente auprès de sa fille qui gère une ferme isolée, il se retrouve confronté à la terrible réalité des campagnes du cœur de
l’Afrique du Sud : un monde d’insécurité où les règles se sont inversées depuis la fin de l’Apartheid.
Ce monde, ses nouvelles règles, sa fille les accepte au péril de sa vie, comme une rédemption. David ne comprend pas cette résignation et tentera de sauver sa fille.
À la complexité de la situation en Afrique du Sud se mêle alors, avec équilibre et justesse, la complexité des rapports père-fille!
Les Aubes écarlates de Léonora Miano,
Plon
Léonora Miano nous avait précédemment conté l’effroyable nuit au cours de laquelle Ayané avait assisté, impuissante, comme les autres femmes d’Eku, à l’enlèvement de neufs enfants du
village par une armée inconnue, rebelles révolutionnaires du moment (L’intérieur de la nuit). Ce qui les attendait, leur terrible destin d’enfant combattant, c’est Epa, qui
va nous le raconter alors qu’il a réussi à s’échapper. Au-delà du roman de fiction intense et bouleversant, Léonora Miano tente de comprendre pourquoi l’Afrique subsaharienne peut basculer et
s’installer dans la guerre fratricide et l’autodestruction : l’esclavage et la colonisation par les blancs, pourtant cause originelle, se révèle être une réponse incomplète.