Vincent Puente
Libraire, bibliomane et collectionneur, Vincent Puente est l’auteur d’ouvrages le plus souvent insolites, qui sonnent comme des éloges de la bizarrerie, des à-côtés, des marges, manifestant son goût pour le fantasque et le merveilleux. Il creuse l’écart entre vrai et faux, de facéties en inventions, dont le numéro du Lampadaire est un exemple particulièrement savoureux : http://le-lampadaire.fr/19-1
Auteur et aussi illustrateur, les œuvres de Vincent Puente sont une vraie invitation à l’imaginaire et à la création.
- Le Corps des libraires : Histoire de quelques librairies remarquables & autres choses, Paris : Editions La Bibliothèque, 2015.
- Anatomie du Faux, Paris : Éditions La Bibliothèque, 2011.
- Rébus, Ouvroir Humoir, 21 novembre 2009
- Dix ans de chine, Rieux Volvestre : Orbis pictus club, 2008.
- Hôtels d’exception : Où qui dort ne dîne pas forcément & vice versa, Paris : Éditions des Cendres, 2007.
- Les allumettes, Éditions du Céphalophore entêté, 2005.
- Histoire de la bibliothèque du comte de Fortsas, Paris : Éditions des Cendres, 2005. Ubu et la manivelle à rien: Drama en cinq actes, Poitiers : Pareiasaure Theromorphe, 1997.
- Collages, Poitiers : Paréiasaure théromorphe, 1996.
- Portraits anarpatagraphiques : Destins hors-normes, Poitiers : Paréiasaure théromorphe, 1996
- Edmond Réaliste, 1855-1926 : Notice biographique, Poitiers : Paréiasaure théromorphe, 1996.
- De la fourchette au pied Suivi de la relation du Concours olympique de fourchette au pied de Paris : Histoire, techniques, us et règles, guide du joueur occasionnel ou confirmé, Poitiers : Paréiasaure éd., 1996.
- Biniou J. et Puente Vincent, Sagesses populaires, Paris : les 4 Mers, 1998 (Encyclopédie antipodiste, IX).
- Nerval Gérard de et Puente Vincent, Aurélia : chapitre 2, Poitiers : Paréiasaure neurasthénique, 1994.
- Puente Vincent et Cornevin Étienne, La forêt de l’arbre unique : la chasse mystérieuse, Châteauroux : le Céphalohore entêté, 2012.
Les guides sont vieux comme l'histoire de l'Homme égaré dans le dédale du monde. Les Anciens lisaient leur chemin sur la carte céleste, Thésée reçut le secours d'un fil, l'individu moderne a le nez plongé dans un vade-mecum. En short ou pantalon de toile aux poches emplies comme des sacoches, les pieds solidement chaussés, le front plissé, parfois dégarni - et l'on observe alors au bout de l'appendice qui s'allonge opportunément avec l'âge le renfort de bésicles – l’œil allant et venant de la page à la merveille décrite par l'auteur du précieux volume, le lecteur de guides voyage. La lectrice aussi. Souvent même, ne voulant renoncer au confort du home, s'épargnant la dépense et les cahots des transports, l'excursionniste en chaise longue préfère le périple qu'offre les chimères d'une lecture à l'ombre du tilleul, à de plus téméraires odyssées.
C'est qu'il faudrait aller loin, très loin, pour découvrir en vrai les merveilleuses librairies qu'a visité, pour l'édification de l'amateur, l'audacieux Vincent Puente. De Saint-Germain-des-prés (rive gauche) à Detroit (Etats-Unis), de Gibraltar (rocher) à Doborstorta (Hongrie), de Morges (Suisse) au Quartier latin (rive gauche), du siècle d'or à l'époque de l'argent roi en passant par l'âge de fer qui engloutit bien des curiosités mémorables, Vincent Puente n'a reculé devant aucune épreuve pour rapporter dans son inestimable Corps des libraires, avec un souci pointilleux de la précision historique comme topologique, la description très véridique des librairies les plus remarquables du monde entier. Librairie petit à petit creusée dans un gratte ciel comme le ver ronge la pomme, où fut oublié le trop discret responsable des littératures nordiques, librairie embourbée après le déluge et dont la clientèle choisie explore les rayons en profondeur, comme autant de couches archéologiques, librairie obscure à la moquette vert foncée, librairie fantôme, librairie incendiée par son libraire, même. Ces lieux pleins de mystères, où se produisent bien d'autres miracles que la vente des livres les plus rares, portent des noms poétiques (L'Ectoplasme, Le Pinçon violet), bibliques (Jonas) et singuliers (L'Unique).
Mais ce guide étonnant fait aussi l'histoire et le portrait d'un métier inclassable, celui d'une passion qui dévore les individus fantasques et lunatiques que sont les libraires. Ces êtres qui hantent leur magasin comme le mollusque sa coquille, ou plutôt comme l'âme éternelle le corps promis à la cendre, sont consultés par les clients avides tels l'oracle ou la pythie, craints comme le sphinx aux énigmes funestes, respectés pour leurs manies autant que pour leur savoir et leur stock faramineux.
Les librairies fantastiques dont Vincent Puente se fait le scrupuleux guide, ces labyrinthes aux murs de papier qui s'effondrent à l'occasion sous leur propre richesse, ces chaos organisés dont la logique du classement comme celle de l'établissement des prix n'appartiennent qu'au libraire, déroutent le client naïf mais ravissent le lecteur, qui restera prudemment chez lui pour savourer la fantaisie du Corps des libraires, sans nulle déception.